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Tabagisme au Burkina: difficile combat pour le «paquet neutre»

 
La mise en œuvre  du paquet neutre standardisé de cigarettes comportant des messages imagés sera bientôt appliquée au Burkina. Le décret sur le conditionnement des tabacs a été adopté en 2011, et l’arrêté d’application  tant attendu a été signé par le ministère de la Santé et celui en charge du commerce, le 7 avril 2015. Les conflits d’intérêts financiers et sanitaires entre le ministère de la Santé et l’industrie du tabac n’ont pas facilité les choses. Chaque année, en rappel, le tabac tue 600 personnes au Burkina Faso et appauvrit des ménages.
 
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Une bonne nouvelle pour les antitabac ! L’arrêté d’application  introduisant le Paquet neutre  de cigarette standardisé (PNS) a été signé le 7 avril 2015.
Il  permet  de réduire la  consommation du tabac. C’est ce qu’affirment certains spécialistes antitabac notamment, les Drs Mohamed Ould Sidi Mohamed et Narcisse Naré, tous deux médecins burkinabè engagés dans la lutte contre le tabagisme depuis de longues années. 
 
Le PNS, de quoi s’agit-il ? Toutes les marques de cigarette seront conditionnées dans des paquets ayant tous la même forme, la même taille, la même couleur et la même typographie, sans aucun logo. Le nom de la marque continuera toutefois d'apparaître en petits caractères sur les paquets. Et sur les faces principales de ces paquets, figureront des messages imagés sur les conséquences du tabagisme. En clair, il apparaîtra  sur tous les emballages des produits du tabac, des images choquantes de cancers de poumons, de la gorge, de la bouche, (…) afin de dissuader les jeunes à s’adonner au tabagisme. Pour le Burkina, l’arrêté indique que durant les 12 premiers mois, l’image retenue est le cancer de la bouche. Et chaque année, l’image   changera, la 2e année, l’image évoquera les maladies graves du cœur.  Pour la mise en œuvre pratique, l’article 23 de l’arrêté précise que «l’industrie du tabac est tenue de se conformer aux dispositions du présent arrêté dans un délai maximum d’un an à compter de son entrée en vigueur».
«Le conditionnement neutre vise à réduire l’attrait des produits du tabac et l’intérêt qu’ils suscitent, à accroître la visibilité et l’efficacité des mises en garde sanitaires obligatoires et à réduire la capacité d’induire en erreur les consommateurs sur la nocivité du tabac. C’est pour contrer la publicité mensongère de l’industrie du tabac», indique Dr Mohamed Ould Sidi Mohamed.
Le directeur de la promotion de la santé du ministère burkinabè de la Santé, Dr Narcisse Naré, renchérit en ces termes : «Le paquet neutre contribue à empêcher une présentation trompeuse des produits du tabac suggérant que certains seraient moins dangereux alors que tout est dégât dans le tabac».
Si la nouvelle est bien accueillie par les acteurs de lutte contre le tabac,  Dr Sidi  Mohamed estime que le temps qu’on donne à l’industrie du tabac pour s’y conformer est trop long.
 
 
Réduire l’attrait à la cigarette ! 
 
 
«De prime abord, ça peut me faire peur. Ça va me refroidir.  Je vais hésiter avant peut-être de reprendre mon habitude. Cependant, les non-fumeurs ne seront jamais attirés par les paquets de cigarette bizarres», avance un fumeur actif, B. B., qui a bien voulu garder l’anonymat. 
Technicien en informatique, B.B. est un fumeur invétéré, une vraie cheminée. Depuis l’enfance, il a commencé à fumer de temps à autre pour faire comme les autres. De 2001 à aujourd’hui, il fume régulièrement. La moyenne de clopes par jour qu’il estime avec beaucoup d’hésitation est de 15. La marque qu’il fume lui coûte 25 F CFA le bâton, soit 400 F CFA en moyenne dépensés par jour. 
B.B est toujours en train  d’aller voir des appareils des services de sa structure ou  d’aller chez le tablier situé juste à l’entrée principale de son service. Ses yeux rouge vif comme une braise de cigarette  donnent l’impression de quelqu’un qui ne dort  qu’une heure de temps par jour et les autres heures consacrées à ses ordinateurs et à sa cigarette.
 
« Le jour où ça me manque, je ne suis pas à l’aise et je suis  énervé», rétorque- t-il.
Il dit sentir un peu de fatigue le matin. Aussi, il a déjà été chez le dentiste pour un problème de dent et celui-ci l’a conseillé d’arrêter de fumer. Son mal de dent serait lié à la consommation de cigarette. 
«Le paquet neutre est  une très bonne idée. Peut-être, ça va me permettre à moi aussi de cesser de fumer. Car j’espère un jour cesser de fumer», lance-t-il sans conviction. 
En attendant, l’arrêté d’application du PNS est rentré en vigueur  et l’industrie du tabac a encore quelques mois pour s’y conformer.
 
 
Que de péripéties !
 
 
En rappel, la loi antitabac a été votée en 2010 et le décret, pris le 26 octobre 2011. L’arrêté d’application vient d’être signé, le 7 avril 2015. Trop de temps attendu ! En 2013, quand le gouvernement se préparait à sa mise en œuvre, l’industrie du tabac via la Chambre de commerce des Etats-Unis d’Amérique a crié à la violation de la propriété intellectuelle des propriétaires de marques. Elle l’a fait savoir en adressant une correspondance à l’Etat burkinabè. 
Un extrait de cette lettre datée du 3 décembre 2013 : «Monsieur le Premier ministre, je vous écris au sujet d’une question d’importance pour nos membres sur des questions d’affaires découlant d’une série de décrets de lutte antitabac qui ont été adoptés au Burkina Faso et sont actuellement en train d’être officiellement mis en œuvre. Nous comprenons qu’un de ces décrets est relatif à l’emballage et l’étiquetage des produits du tabac. L’interdiction de l’utilisation de logos, de couleurs et d’images de marque sur les emballages abroge les droits de propriété intellectuelle pour les propriétaires de marques et soulève des préoccupations concernant les engagements de l’accord commercial international existant…».  A l’aide des experts de l’OMS, l’Etat a pu réfuter les arguments  de la Chambre de commerce des Etats-Unis. Mais  la bonne marche vers l’application du paquet neutre standardisé au Burkina Faso est ralentie.
 Selon  Dr Naré, le décret,  dès son adoption en décembre 2011, a connu des péripéties notamment à travers des écrits de l’industrie du tabac qui visaient à dénoncer le non-respect par notre pays des règles du commerce international. «Aujourd’hui, les choses sont rentrées dans l’ordre et bientôt, on disposera des paquets neutres de cigarette standardisés au Burkina», a-t-il déclaré. Cette lenteur dans l’application du décret s’expliquait du fait que l’industrie du tabac a intenté des actions en justice contre les pays ayant adopté le PNS : l’Australie, l’Irlande et la Grande-Bretagne. «Le Burkina Faso avait  pris  l’option d’ajourner l’application du PNS en attendant les conclusions  des procès qui opposent en ce moment l’industrie de tabac à un certain nombre  de pays qui ont adopté le paquet neutre comme l’Australie (premier pays), l’Irlande et la Grande-Bretagne. Nous avions voulu simplement observer la prudence et tirer les leçons pour une mise en œuvre efficace du paquet neutre au Burkina», s’est justifié Dr Naré. 
Le Burkina et le Togo sont pour l’instant les seuls pays africains à avoir adopté des mesures introduisant les PNS dans leur législation nationale. Le Tchad, le Niger, l’Afrique du Sud et Djibouti ont ou s’apprêtent à appliquer des images sur les paquets de cigarette.  Le Canada est le premier pays à introduire des images sur les emballages du tabac. Aussi, le Parlement français vient d’autoriser la mise en œuvre du paquet neutre sur tout le territoire français à partir de mai 2016. Le paquet avec des images n’est pas forcément le PNS parce que certaines écritures de l’industrie du tabac peuvent toujours y figurer.
Après l'Australie, l’Irlande, l'Angleterre, bientôt la France,   le Burkina sera-t-il le premier pays africain sur la liste  à  mettre en œuvre les paquets neutres de cigarette standardisés ? Les activistes comme Dr Sidi attirent dans tous  les cas l’attention du gouvernement burkinabè.  «Avec les menaces des industries du tabac, les gouvernements reculent la plupart du temps, estime Dr Mohamed Ould Sidi Mohamed. Mais je souhaite que le gouvernement  burkinabè continue dans ce sens en  montrant à l’industrie du tabac, qu’il est indépendant et qu’il veut protéger sa population».  Contactée, l’industrie du tabac n’a  malheureusement pas souhaité donner son point de vue sur la question.  lire la suite sur Sidwaya

14/04/2015
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ida : l’origine de toutes les souches du VIH -1 circulant chez l’Homme enfin élucidée

Une étude internationale[1], conduite par des chercheurs de l’IRD en collaboration avec de nombreux partenaires[2] confirme que les variants O et P du HIV-1, virus responsable du sida, sont originaires de gorilles du sud-ouest du Cameroun. Ainsi, l’origine de toutes les souches du VIH-1 circulant chez l’Homme est élucidée. Ces résultats sont publiés dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) le 2 mars 2015.

Le sida est l’une des maladies les plus dévastatrices de l’histoire de l’humanité. Depuis qu’il a été transmis à l’homme par des grands singes[3], le pathogène responsable, le virus de l’immunodéficience humaine (HIV-1), a infecté 75 millions de personnes. Il existe quatre variantes génétiques du HIV-1 : M (forme la plus répandue dans le monde, responsable de plus de 99 %  des infections), N, O et P, limités essentiellement au Cameroun et aux pays voisins. Alors que l’origine simienne (chimpanzés du Cameroun) des groupes M et N a été identifiée il y a plusieurs années, le réservoir des groupes O et P restait inconnu jusqu’à présent.

A partir d’analyses génétiques issues de déjections de grands singes (chimpanzés, gorilles) du Cameroun, du Gabon, de la République Démocratique du Congo et d’Ouganda, les chercheurs ont montré que les variantes génétiques O et P du HIV-1 étaient originaires d’une transmission inter-espèce à partir de gorilles des plaines du sud-ouest du Cameroun.

Alors que le groupe P n'a été détecté que chez deux individus jusqu’à présent, le  groupe O a pu se répandre chez l’Homme dans plusieurs pays en Afrique centrale et occidentale. On estime qu’il a infecté près de 100 000 personnes.

Cette étude montre que comme les virus SIV infectant des chimpanzés, ceux des gorilles sont aussi capables de traverser la barrière des espèces et peuvent provoquer des épidémies. Elle permet de mieux comprendre l'origine de cette maladie émergente, et de mieux évaluer les risques futurs pour la population humaine.

 

http://www.ird.fr/toute-l-actualite/actualites/communiques-et-dossiers-de-presse/sida-l-origine-de-toutes-les-souches-du-vih-1-circulant-chez-l-homme-enfin-elucidee


03/03/2015
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Nouvelles données sur la régulation de l’activité des gènes qui nous protègent du cancer du poumon

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Une recherche dirigée par l’Université de Grenade et à laquelle ont participé les universités de Harvard et de Yale (États-Unis) apporte une information nouvelle pour mieux comprendre les altérations qui se produisent lors du développement du cancer du poumon, la tumeur responsable du plus grand nombre annuel de morts en Espagne. Ce travail ouvre la porte au développement de nouvelles stratégies thérapeutiques antitumorales basées sur l’activité des microARNs

Des scientifiques de l’Université de Grenade, avec la collaboration des universités de Harvard et de Yale (États-Unis), ont fourni de nouvelles données pour mieux comprendre les altérations qui se produisent lors du développement du cancer du poumon, la tumeur responsable du plus grand nombre annuel de morts en Espagne.

Les chercheurs ont découvert que de petites molécules de ARN, dénommées microARNs, sont capables de désactiver spécifiquement la fonction d’un gène dénommé SMARCA4, qui protège les cellules de devenir tumorales.

Cette découverte, développée dans des modèles précliniques, fonde le développement de futures applications pour le diagnostic et pronostic du cancer du poumon.

« Nous avions antérieurement découvert que les tumeurs pulmonaires des patients perdaient l’activité du gène SMARCA4, qui réalise des activités qui protègent les cellules de devenir tumorales. Ce nouveau travail démontre que cette perte de l’activité suppresseuse tumorale de SMARCA4 pourrait être due à l’activité de certains microARNs », indique le professeur Pedro P. Medina, directeur du travail et chercheur au département de Biochimie et de Biologie Moléculaire I de l’UGR.

« Ce travail a ouvert une nouvelle ligne de recherche dans notre laboratoire, moyennant laquelle nous prétendons explorer de nouvelles voies thérapeutiques basées sur la régulation réalisée par les microARNs », a-t-il ajouté.

Le groupe de recherche « Régulation de l’Expression Génique et Cancer » est composé de jeunes scientifiques récemment établis à l’Université de Grenade, et de chercheurs du département de Biochimie et de Biologie Moléculaire I.

Ce travail a été dirigé par le professeur Pedro P. Medina, et ses premières auteures sont les chercheuses de l’UGR Isabel Fernández et Eva Rufino, également membres du département de Biochimie et de Biologie Moléculaire I. Ont aussi collaboré des chercheurs de l’Université de Valence, de l’Institut de Recherche Biomédicale de Bellvitgey des universités américaines de Yale et de Harvard.

L’article a été publié ce mois-ci dans la prestigieuse revue Human Molecular Genetics, éditée par Oxford University Press, située au premier décile des revues internationales de génétique du monde entier.

 

http://sl.ugr.es/07Ab


02/03/2015
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Ebola: Favipiravir, essais concluants

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Le favipiravir est le médicament anti Ébola trouvé grâce à une collaboration entre chercheurs japonais et français.

Ce médicament avait déjà été essayé sur environ 80 sujets au centre de traitement de Guéckedou dans le sud du pays.

Après les résultats jugés concluants par l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), ce médicament sera administré dans uniquement les centres de traitement.

Interrogé par la BBC, Yves Levi, le président de l’INSERM, a précisé que ‘’ce médicament qui s’administre par voie orale doit être donné par des médecins, des soignants à des heures très précises pour obtenir les résultats escomptés’’.

Toutefois, cet antiviral réduit la mortalité de moitié chez les adultes et adolescents présentant un faible taux de multiplication du virus, et accélère leur guérison, mais le médicament ne paraît pas avoir d'efficacité chez les malades ayant une charge virale plus élevée dans le sang.

L’OMS a annoncé, vendredi 6 février 2015, que la fièvre hémorragique avait fait 9.004 morts en Guinée, au Libéria et en Sierra, mais que toutes les données ne sont pas disponibles surtout au Libéria.

Le chemin pour parvenir à l’éradication complète de la maladie risque donc d’être encore long.

 

Source BBC


09/02/2015
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Paludisme : un nouveau traitement pour retarder les résistances

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L’apparition de parasites du paludisme résistants aux médicaments est l’un des principaux freins à la lutte contre la maladie. Afin de retarder ce phénomène, il est essentiel de ne pas constamment exposer le pathogène aux mêmes molécules. Pour ce faire, des chercheurs de l’IRD et leurs partenaires camerounais de l’OCEAC testent de nouveaux traitements. Ils viennent de montrer l’efficacité d’une « bithérapie », qui associe l’artésunate (un dérivé de l’artémisinine préconisée par l’OMS) à la Malarone® (ou Malanil®). Cette dernière était administrée jusqu’à présent uniquement en prophylaxie chez les voyageurs ou en traitement dans les pays industrialisés, du fait de son prix élevé. La tombée dans le domaine public de son brevet en 2013 permet d’envisager son utilisation thérapeutique pour les populations en zone d’endémie.

A l’échelle mondiale, le nombre de cas de paludisme recule depuis plusieurs années. Toutefois, un spectre hante l’esprit des chercheurs : la résistance aux médicaments des parasites du paludisme. Ceux-ci, en particulier celui du nom de Plasmodium falciparum , sont en effet capables de devenir résistants à tous les traitements qui existent actuellement. Pour retarder au maximum l’émergence et l’extension de ces résistances, il est nécessaire de diversifier les médicaments et de rationaliser leur utilisation.Car moins les pathogènes seront exposés aux mêmes molécules, moins ils développeront de résistances.

Efficacité prouvée

Pour ce faire, des chercheurs de l’IRD et de l’Organisation de coordination pour la lutte contre les endémies en Afrique centrale (OCEAC) évaluent depuis plus de 20 ans l’efficacité de thérapies alternatives au Cameroun. À l’heure actuelle, le traitement préconisé par l’OMS est fondé sur l’administration d’une association médicamenteuse, appelée « bithérapie », à base d’artémisinine. L’équipe de recherche vient de montrer l’efficacité de la combinaison d‘un dérivé de l’artémisinine, l’artésunate, avec la Malarone® (ou Malanil®). Celle-ci est à ce jour utilisée surtout en prophylaxie chez les voyageurs se rendant temporairement dans un pays d’endémie, mais aussi en thérapeutique pour traiter le paludisme d’importation dans les pays industrialisés, en raison de son coût jusqu’à présent inabordable.

Une combinaison gagnante

Administrée seule, la Malarone® a engendré quelques échecs thérapeutiques (10,3 %) parmi les 340 jeunes patients camerounais de l’étude, des enfants âgés de moins de cinq ans. Ces échecs ont été majoritairement dus à des réinfections au cours du traitement. Mais en combinaison avec l’artésunate, ce médicament s’est même avéré plus efficace que la bithérapie classique et le nombre de cas de rechute sous 28 jours moins élevé.

Des souches de P. falciparum résistantes à la Malarone® existent également. Mais associer cette dernière de manière systématique à un dérivé de l’artémisinine garantit au patient  une certaine efficacité du traitement : il est en effet peu probable, à l’heure actuelle, de rencontrer une souche résistante à ces deux médicaments à la fois.

Le brevet de la Malarone® est tombé dans le domaine public en 2013.  Des génériques commencent à voir le jour, ce qui entraîne une baisse de son prix. Son utilisation en association thérapeutique avec un dérivé de l’artémisinine est donc désormais envisageable à destination des populations vivant dans les pays d’endémie.

 

 

 

Pour plus d'info  http://www.ird.fr/la-mediatheque/fiches-d-actualite-scientifique/473-paludisme-un-nouveau-traitement-pour-retarder-les-resistances


30/01/2015
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