Population-Santé-Recherche

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Démographie : les parlementaires engagés pour une croissance maîtrisée

La rencontre régionale de haut niveau des parlementaires de la CEDEAO, de la Mauritanie et du Tchad pour le financement adéquat de la santé, le dividende démographique et les politiques de populations et de développement a pris fin, le samedi 22 juillet 2017, à Ouagadougou. Au terme de trois jours de travaux, les participants se sont, entre autres, engagés pour la baisse de l’indice synthétique de fécondité. 

Avec une moyenne de 5,5 enfants par femme, selon les statistiques régionales, l’espace CEDEAO figure parmi les zones à fort taux de fécondité dans le monde. En 2050, les projections font état d’ailleurs de près du milliard d’habitants dans la région,  contre 335 millions à ce jour.  Conscients du « contraste entre le niveau de croissance économique et celui de la population », les parlementaires des 15 pays de la CEDEAO, de la Mauritanie et du Tchad ont décidé de prendre à bras-le-corps le problème. Ainsi, au terme de leur rencontre de Ouagadougou sur la problématique, tenue les 20, 21 et 22 juillet 2017, ils ont pris plusieurs engagements, dont au premier rang, leur implication pour la maîtrise de la natalité.  Des conclusions des travaux, lues par le président du comité d’organisation de la rencontre, le député Ousséni Tamboura, les participants ont, en effet, approuvé les mesures pour « la réduction des indices synthétiques de fécondité respectifs à trois enfants au plus par femme d’ici à 2030 ». Une invite a été faite dans ce sens aux pays de la CEDEAO, de la Mauritanie et du Tchad. Pour ce qui relève de l’action parlementaire, ils ont décidé de soutenir activement les stratégies et interventions de leurs gouvernements, d’engager des plaidoyers au niveau national et d’œuvrer à l’élaboration d’un plan cohérent de mobilisation des partenaires techniques et financiers et à l’augmentation annuel d’au moins 5% des budgets alloués à la mise en œuvre des plans nationaux de repositionnement et de planification familiale.  Chaque parlement, aux dires du député Tamboura, devra aussi organiser un dialogue national sur le dividende démographique, une notion qui implique une croissance économique rapide résultant de la maîtrise de l’accroissance naturelle de la population. Pour s’assurer de la mise en œuvre effective de ces engagements, les parlementaires ont, du reste, prévu la création d’un comité interparlementaire de suivi des actions. De l’avis du président de l’Assemblée nationale burkinabè, Dr Salifou Diallo, la maîtrise de l’évolution de la population en Afrique sonne aujourd’hui comme une nécessité pour les Etats. Car, si la structure démographique actuelle, a-t-il soutenu, peut être « un formidable potentiel », il pourrait constituer aussi « une bombe sociale à retardement ». C’est pourquoi, pour lui, l’engagement des parlementaires est salutaire dans la mesure où, a-t-il dit, « avec moins de personnes à scolariser, nourrir et soigner, on dispose de plus d’opportunités pour favoriser ou pour induire une croissance économique forte ».   Résultat de recherche d'images pour "population burkina faso 2016"

Relever l’investissement dans la santé 

Pour optimiser le rendement du capital humain dans leurs pays respectifs, les parlementaires ont convenu de la nécessité de garantir la bonne santé de la population. Cet impératif avait été relevé, en 2001, par les chefs d’Etat africains, réunis à Abuja au Nigéria dans le cadre du sommet spécial sur les réponses aux défis posés par le VIH/SIDA, la tuberculose et autres maladies connexes. A l’occasion de ladite rencontre, le document qu’ils ont adopté et connu sous le nom de « Déclaration d’Abuja » traduisait, entre autres, leur engagement à accorder au moins 15% du total des budgets nationaux au secteur de la santé. Seize ans après, « aucun pays de la région n’est parvenu à respecter cet engagement », a déploré le  directeur général de l'Organisation Ouest-africaine de la santé (OOAS), Xavier Crespin. Pourtant, à l’écouter, des défis demeurent sur le plan sanitaire. A titre d’exemple,  il a rappelé que sur les 1 500 femmes qui meurent par jour, à l’échelle mondiale, en donnant naissance, 99% des décès surviennent dans les pays en développement. Les raisons, a-t-il précisé, sont socioculturelles comme les grossesses trop nombreuses et rapprochées mais aussi économiques et structurelles comme l’insuffisance des infrastructures sanitaires et leur faible équipement. Au regard de « l’urgence », la rencontre de Ouagadougou a aussi débouché sur une série d’engagements des parlementaires en vue de renforcer les systèmes de santé des pays ouest-africains. La première de leur intervention va consister à « œuvrer à travers l’exercice du droit d’amendement des lois, à faire des arbitrages conséquents aux projets de budgets des Etats afin d’obtenir des accroissements annuels successifs d’au moins 2% des budgets alloués au secteur de la santé, avec en perspective d’atteindre l’objectif minimum de 15% de la Déclaration d’Abuja à l’horizon de 2025 ». Ils ont, en sus, décidé de contrôler « rigoureusement » la mise en œuvre des politiques en matière de démographie et de santé pour s'assurer de la bonne utilisation des crédits alloués à la santé au profit des populations et d’accorder une attention particulière aux problématiques liées au financement des systèmes de santé nationaux à travers la prise en compte et l'inscription effective de cette question au rang des priorités des Etats. De plus, l’engagement a été pris pour un plaidoyer constant auprès des différents exécutifs en vue de parvenir à une augmentation croissante des budgets nationaux consacrés à la santé conformément à la Déclaration d'Abuja. Les parlementaires ont également décidé de créer, dans chaque parlement, un comité de suivi présidé par la commission en charge de la santé et chargé de la rédaction d'un plan d'actions élaboré conformément aux recommandations issues de la rencontre de Ouagadougou. Du reste, un mandat a été donné au parlement du Burkina de suivre la mise en place effective des comités nationaux de suivi au plus tard le 31 décembre 2018. Dans l’intervention des représentants de structures diplomatiques et institutionnelles, au cours de la cérémonie de clôture de la rencontre, la pertinence des objectifs qui ont guidé la réplique des parlementaires ont été salués. « Nous fondons beaucoup d’espoir dans cet engagement collectif », a déclaré, pour sa part, la coordonnatrice-résidente du système des Nations unies, Metsi Makhetha.  

Mamady ZANGO
mzango18@gmail.com





15/08/2017
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