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Paludisme : un nouveau traitement pour retarder les résistances

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L’apparition de parasites du paludisme résistants aux médicaments est l’un des principaux freins à la lutte contre la maladie. Afin de retarder ce phénomène, il est essentiel de ne pas constamment exposer le pathogène aux mêmes molécules. Pour ce faire, des chercheurs de l’IRD et leurs partenaires camerounais de l’OCEAC testent de nouveaux traitements. Ils viennent de montrer l’efficacité d’une « bithérapie », qui associe l’artésunate (un dérivé de l’artémisinine préconisée par l’OMS) à la Malarone® (ou Malanil®). Cette dernière était administrée jusqu’à présent uniquement en prophylaxie chez les voyageurs ou en traitement dans les pays industrialisés, du fait de son prix élevé. La tombée dans le domaine public de son brevet en 2013 permet d’envisager son utilisation thérapeutique pour les populations en zone d’endémie.

A l’échelle mondiale, le nombre de cas de paludisme recule depuis plusieurs années. Toutefois, un spectre hante l’esprit des chercheurs : la résistance aux médicaments des parasites du paludisme. Ceux-ci, en particulier celui du nom de Plasmodium falciparum , sont en effet capables de devenir résistants à tous les traitements qui existent actuellement. Pour retarder au maximum l’émergence et l’extension de ces résistances, il est nécessaire de diversifier les médicaments et de rationaliser leur utilisation.Car moins les pathogènes seront exposés aux mêmes molécules, moins ils développeront de résistances.

Efficacité prouvée

Pour ce faire, des chercheurs de l’IRD et de l’Organisation de coordination pour la lutte contre les endémies en Afrique centrale (OCEAC) évaluent depuis plus de 20 ans l’efficacité de thérapies alternatives au Cameroun. À l’heure actuelle, le traitement préconisé par l’OMS est fondé sur l’administration d’une association médicamenteuse, appelée « bithérapie », à base d’artémisinine. L’équipe de recherche vient de montrer l’efficacité de la combinaison d‘un dérivé de l’artémisinine, l’artésunate, avec la Malarone® (ou Malanil®). Celle-ci est à ce jour utilisée surtout en prophylaxie chez les voyageurs se rendant temporairement dans un pays d’endémie, mais aussi en thérapeutique pour traiter le paludisme d’importation dans les pays industrialisés, en raison de son coût jusqu’à présent inabordable.

Une combinaison gagnante

Administrée seule, la Malarone® a engendré quelques échecs thérapeutiques (10,3 %) parmi les 340 jeunes patients camerounais de l’étude, des enfants âgés de moins de cinq ans. Ces échecs ont été majoritairement dus à des réinfections au cours du traitement. Mais en combinaison avec l’artésunate, ce médicament s’est même avéré plus efficace que la bithérapie classique et le nombre de cas de rechute sous 28 jours moins élevé.

Des souches de P. falciparum résistantes à la Malarone® existent également. Mais associer cette dernière de manière systématique à un dérivé de l’artémisinine garantit au patient  une certaine efficacité du traitement : il est en effet peu probable, à l’heure actuelle, de rencontrer une souche résistante à ces deux médicaments à la fois.

Le brevet de la Malarone® est tombé dans le domaine public en 2013.  Des génériques commencent à voir le jour, ce qui entraîne une baisse de son prix. Son utilisation en association thérapeutique avec un dérivé de l’artémisinine est donc désormais envisageable à destination des populations vivant dans les pays d’endémie.

 

 

 

Pour plus d'info  http://www.ird.fr/la-mediatheque/fiches-d-actualite-scientifique/473-paludisme-un-nouveau-traitement-pour-retarder-les-resistances



30/01/2015
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